Après trois nuits tranquilles en auberge à Bergen
À randonner très peu et à faire du tourisme
Les bulletins météo font preuve de pessimisme
Il doit encore pleuvoir pour plus d’une semaine
Mais c’est bien pour marcher, pas pour voir des tableaux
Des ports aux grands navires et des églises en bois
Que nous avons quitté le confort de chez soi
Allons sur les sentiers même s’il ne fait pas beau !
Au début ce courage est bien récompensé
Sous un ciel très clément des tapis de bruyères
Des fraises et des myrtilles au milieu des fougères
Et pour passer la nuit un lac bien abrité
Une sorte d’euphorie me prenait à nouveau
Hélas c’était trompeur entre averses et crachins
Je n’ai pas vu le bleu de tout le lendemain
Malgré mes précautions mes chaussures ont pris l’eau
Le marquage des sentiers, fierté de la Norvège
Était très erratique et loin d’être parfait
Je passais tout mon temps à chercher mon sentier
Une trace de peinture, un vague ruban beige
Et puis soudain plus rien. Perdu dans la montagne
Sans aucun autre moyen qu’une boussole et qu’une carte
Deux heures bien solitaires à rechercher des marques
Et le succès tardant c’est l’inquiétude qui gagne
Enfin derrière un col une belle pierre dressée
Je retrouve ma route la tension redescend
Je ressors épuisé de cet événement
Inattendu ici et qui m’a fait stresser
Et le troisième jour tout fut comme prédit
Pendant toute la nuit des gouttes sur la toile
Lors du pliage la tente gonflée comme une voile
Et du matin au soir se succédèrent la pluie
Le crachin les averses sans discontinuer
On avance moins vite sur ces terrains glissants
Les pierres couvertes de mousse et les fougueux torrents
Gonflés des eaux du jour. Et même les sentiers
Se transforment en rivière. Progressivement le froid
S’insinue dans les membres. Malgré les précautions
Les pieds baignent dans l’eau. C’est de la natation,
pas de la randonnée! Et soudain patatras,
Je roule dans le ravin, y tords un des bâtons
Je n’en sors pas blessé mais carrément piteux
Pas possible de camper sur ces sols spongieux
Gorgés d’eau à ras bord, paradis des tritons.
C’est donc dans un refuge, qu’il porte bien son nom !
Que je vais m’abriter, passer la nuit au chaud
Sécher ce que je peux, et partir demain tôt
L’étape sera longue, moins terrible espérons !